Traitement des déchets
Coup de filet sur les déchets dans la vienne
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En réponse à un appel à projets lancé par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne et dans le cadre de Limoges Métropole – Territoire en transition hydrique, la Communauté urbaine intensifie la lutte contre la pollution du milieu naturel et démarre par un coup de filet sur les déchets charriés par les égouts jusqu’à la Vienne.
Un filet spécial pour capturer les déchets
Bien que Limoges Métropole dispose de solutions pour capter les déchets avant qu’ils n’entrent dans les réseaux d’eaux pluviales, à l’instar de paniers placés sur des avaloirs, ces dispositifs n’apportent qu’une protection partielle face aux bouteilles en plastique, lingettes, mégots et autres « macrodéchets » observés en quantité excessive dans les déversoirs pluviaux en rivières, mais aussi dans les réseaux d’eaux usées ! C’est le cas notamment au niveau du parc des bords de Vienne, où le besoin d’expérimentation d’une solution de piégeage et de sensibilisation du public a été identifié. Ainsi, à partir du 1er trimestre 2024, un filet spécial sera donc chargé de capturer les déchets sur le déversoir situé au niveau du skate park.
Tout ce qu’on jette par terre peut finir dans la rivière. Faut-il le rappeler, les grilles et les avaloirs d’eau pluviale ne sont pas des poubelles. Les réseaux d’égouts pluviaux collectent l’eau de pluie qui ruisselle dans les rues et la conduisent directement et sans traitement à la rivière la plus proche. Les réseaux unitaires, mêlant eaux pluviales et eaux usées, conduisent eux à la station d’épuration, mais peuvent déborder avec leur lot de déchets…
Lors de fortes précipitations ou d’orages, le trop-plein présent dans les réseaux unitaires d’assainissement se déverse directement en milieu naturel à cause de l’engorgement des réseaux et de la capacité maximale de la station d’épuration atteinte. C’est dans ce contexte que des déchets, jetés aussi bien dans la rue ou dans les toilettes des particuliers, peuvent se retrouver dans la Vienne, explique Julien Villard, chargé de mission Transition hydrique à Limoges Métropole.
Le filet nouvellement posé va donc intercepter ces déchets, mais son rôle va plus loin.
Il va surtout nous servir d’instrument de mesure pour étudier la quantité, la saisonnalité et le type de déchets qui sont rejetés dans la nature. Nous pourrons ensuite mettre en place des actions ciblées pour lutter en amont contre cette pollution, précise le technicien.
Le filet anti-déchets sera placé sous surveillance permanente afin de programmer son nettoyage et sa remise en place par une entreprise spécialisée. Les déchets récupérés seront analysés avant d’être détruits.
Courant 2024, un second filet sera installé plus en aval de la Vienne, au niveau de la Font Pinot. L’investissement total réalisé pour l’achat et l’exploitation de ces deux filets anti-déchets est d’environ 50 000 €.
Les déchets au fond des filets, mais ce n’est pas vraiment le but… L’idéal serait bien évidemment de pouvoir se passer de dispositifs de piégeage comme les filets anti-déchets. Avant d’être éventuellement ramassé ou capturé par un filet, un mégot de cigarette pollue jusqu’à 500 litres d’eau. Un fragment de plastique abandonné dans la nature met 1 000 ans à se dégrader et produit des microplastiques intoxiquant des écosystèmes entiers.
Capturer les déchets, c’est bien. Ne pas les jeter dans la rue ou dans la nature, c’est mieux. En France, la pollution est d’ampleur et s’observe aussi bien sur les berges des rivières que sur les plages du littoral. Les fragments d’objets en plastique sont les déchets les plus retrouvés, devant les mégots de cigarettes, les bouchons et capsules, les morceaux de polystyrène, les emballages divers et les bouteilles en plastique.
À Limoges et dans ses environs, l’opération « Plastique à la loupe », réalisée par des collégiens et lycéens pour la Fondation Tara Océan et soutenue par l’État et le CNRS, a mis en évidence la présence de151 à 350 macrodéchets tous les 100 mètres sur les berges de la Vienne et de l’Auzette, entre 2022 et 2023. La plupart de ces déchets étaient des plastiques à usage unique et des mégots.
D’autres actions à venir en 2024-2025
Progressivement, de nouveaux équipements seront installés par Limoges Métropole dans l’espace public pour piéger toutes sortes de déchets. Trois types de dispositifs seront déployés par dizaines à Limoges :
- Des grilles spéciales placées sur les avaloirs recueillant les eaux pluviales dans l’espace urbain
- Des paniers anti-déchets disposés dans les regards d’égouts et déplaçables selon les besoins.
- 50 cendriers urbains en centre-ville pour en finir avec les mégots. Aussi, afin de sensibiliser le plus grand nombre, des clous de voirie seront apposés près des avaloirs d’égout précisant, à juste titre, que « la Vienne commence ici ». Enfin, Limoges Métropole lancera en 2024 un appel à projets ouvert aux entreprises proposant des solutions contribuant à cette démarche, avec des opportunités d’expérimentation et une dotation R&D à la clé (plus d’infos à venir)
Philippe JANICOT, Vice-Président de Limoges Métropole en charge du cycle de l’eau
Afin de protéger les milieux naturels et aquatiques et ainsi céder aux générations futures une situation saine et maîtrisée, Limoges Métropole déploie de nombreuses actions pour limiter la prolifération de déchets, comme en témoigne l’installation prochaine de deux filets afin de capturer les déchets et ainsi protéger la Vienne. Que ce soit auprès des habitants dans leurs foyers ou au sein des espaces publics, la sensibilisation est permanente. Malgré les efforts consentis par une grande majorité de la population, certaines incivilités demeurent et nous obligent à investir des sommes non négligeables pour protéger les milieux naturels. La communication autour de cette problématique s’intensifie afin qu’elle soit au coeur des préoccupations de chacune et chacun d’entre nous !
Au total, Limoges Métropole engagera près de 100 000 € pour ce coup de filet général sur les déchets abandonnés dans l’espace public, avec le soutien de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne.